«Les libéraux se sont adonnés à un jeu électoraliste minable avec un enjeu d’une importance internationale immense.»
Auteur : Terry Lavender,
U of T News,
21 janvier 2016.
Traduction : Daniel Laprès.
Lorsque les ministres de la Défense des États-Unis, de la France, de l’Australie, de l’Allemagne, de l’Italie, de la Hollande et du Royaume-Uni se sont rencontrés à Paris cette semaine pour discuter stratégie sur les combats contre l’ISIS, le ministre canadien de la Défense, Harjit Sajjan, n’était pas parmi eux.
Les critiques ont affirmé que le Canada a alors été boudé à cause de la décision du gouvernement libéral de suspendre les missions aériennes de combat contre les forces de l’ISIS. Mais le ministre Sajjan a contré cette affirmation en prétendant que l’absence du Canada de cette réunion n’était pas un enjeu important.
U of T News a demandé au professeur de science politique Randall Hansen, directeur du Centre d’études européennes, russes et eurasiennes du Munk School of Global Affairs, de livrer son point de vue sur la question.
Pourquoi le Canada n’a-t-il pas été invité à cette réunion ?
À cause du retrait de nos combattants de la guerre contre l’ISIS. Il n’y a pas et il ne peut pas y avoir d’autre raison.
Le ministre de la défense a déclaré que ce n’était pas un enjeu important de ne pas avoir été invité, puisque des réunions du genre sont souvent tenues et nous y sommes invités. Est-ce la vérité ?
Non. C’est faux et le ministre le sait, ou il devrait le savoir. Nous avons été exclus de la réunion de la défense centrale consacrée à déloger l’ISIS du nord de l’Iraq. Aucun baratin ne peut cacher ce fait.
Croyez-vous que nous avons été boudés ?
Oui, et le gouvernement libéral le mérite totalement. Les libéraux se sont adonnés à un jeu électoraliste minable avec un dossier d’une importance internationale immense.
Les critiques ont-ils raisons d’affirmer que nous n’avons pas été invités à cause de la décision des libéraux de suspendre les opérations aériennes ?
Sans le moindre doute. Nos alliés, par-dessus tout les Français, étaient furieux à cause de cette décision et nous en avons payé le prix. Je reviens tout juste de Berlin où un haut fonctionnaire s’est moqué ouvertement des soldats canadiens qui ont été contraints de retirer leurs uniformes et de revêtir des chemises en flanelle parce que cela leur donnait une allure de gardiens de paix.
Est-ce que c’est significatif ?
Oui. Comme je l’ai récemment expliqué, cette décision était mauvaise dans son principe - car il faut détruire l’ISIS - et elle envoie un message terrible à nos alliés, notamment l’un de nos plus anciens alliés, la France.
Devrions-nous en être préoccupés ?
Oui, absolument. Nous avons été exclus de cette importante réunion, et notre gouvernement n’a pas encore présenté sa planification au Parlement, au-delà d’une vague parlote à propos d’«entraînement», ce qui, d’évidence, est quelque chose dans lequel nous n’étions pas très doués puisque l’armée iraqienne fut ensuite écrasée par l’ISIS.
Que feriez-vous si vous étiez le ministre de la Défense ?
En premier lieu, je n’aurais jamais pris cette décision et, suite aux attentats de Paris en novembre, j’aurais travaillé avec nos alliés afin de redoubler le mieux possible la campagne militaire contre l’ISIS. Même si cela permet d’être à l’aise avec les progressistes de salon, il n’y a rien d’admirable à laisser les autres pays se charger des combats tandis que vous vous abritez derrière des sermons libéraux.