Et toi, qui sont tes lecteurs Simon Jodoin?

C'est la question que je souhaiterais poser au rédacteur en chef du journal Voir dont je vous joint ici un article qui a pour but de faire de moi LE porte-étendard des racistes québécois.

Hier, je vois circuler sur le web une video complètement ridicule de Justin Trudeau, Mélanie Joly et quelques députés libéraux qui vont faire les clowns pour licher le derrière de la communauté sikh. Évidemment, le cirque n'a pour but que de consolider le vote religieux de plus en plus puissant dans cette belle société multi-culturelle et multi-religieuse qu'est le Canada, alors il va de soi que que le décorum s'impose : keski (foulard) orange sur la tête du PM, tête couverte pour la Jolie Mélanie. Car bien évidemment, si un sikh est invité à une cérémonie officielle au Canada, on doit à tous les égards respecter son choix vestimentaire, mais pour une raison obscure, si des Canadiens « de souche » vont à la rencontre de la communauté sikh dans le même pays, cette règle de réciprocité n'existe plus; les « de souche » ont alors l'obligation de se « déguiser » en sikh s'il veut avoir le privilège de danser avec le sabre sacré.

Bref, hier, je publie la video avec ce simple commentaire « Bon ben on est rendu là ça a l'air » (le post est plus bas). Ceux qui me suivent savent que je fais régulièrement ce genre de commentaire au sujet de politiciens qui se prostituent pour gagner des votes ou de la sympathie. Ceux qui me connaissent, savent bien que mon commentaire aurait été le même si Trudeau était allé faire le clown chez les mormons, les juifs, les raéliens ou s'il s'était déguisé en cardinal pour aller chercher l'approvation des cathos. C'est exactement le même niveau de ridicule que de voir Gilles Duceppe avec un bonnet d'hygiène dans une fromagerie, lui qui ne s'intéresse absolument pas à la fabrication de fromage en crotte.

Mais ce qui devait arriver arriva. Parce que si au Québec, le ridicule touchant le clergé et les institutions catholiques est régulièrement dénoncé, parfois même à outrance, quand cela touche les autres croyances, il faut fermer sa gueule et trouver que tout est ben correct. Donc, un chroniqueur du Voir publie sur sa page Facebook le commentaire suivant : « Après s'être attaqué aux étudiants, Guy Nantel allimente la plèbe raciste! »

Vous voyez le jeu j'imagine; oui, je parle de l'amalgame et du faux lien entre un vox pop qui s'est moqué des carrés rouges il y a deux ans et une publication à propos de Trudeau qui guidoune les sikhs en 2016. Le but est clairement de mettre le feu aux poudres. Évidemment, il n'en fallait pas plus pour que je reçoive une pluie d'insultes, mais ça, j'ai l'habitude, ça vient avec la job. Parce que chaque fois que je fais un post sur la question religieuse, une partie de la gauche radicale se fait un plaisir de partager la blague pour me placer au rang des Le Pen, Hitler ou je ne sais quoi. Oui, oui, cette même ultra-gauche qui était Charlie il y a si peu de temps, celle qui défendait le droit de faire des blagues bêtes, stupide et méchante, refuse toutefois qu'un humoriste d'ici évoque le ridicule de la situation quand des politiciens pataugent dans la démagogie.

Et ce matin, je vois que le suffisant patron du Voir en rajoute une couche en me faisant la morale en publiant un article où je deviens un agent provocateur de haine et de racisme. Comme il ne peut rien reprocher à mes écrits, la malhonnêteté intellectuelle de Jodoin consiste à prendre 14 commentaires sur les 50 000 personnes qui me suivent sur les médias sociaux, et de dire à ses lecteurs : « Voilà, Guy Nantel s'amuse à attiser le racisme de son lectorat constitué de tatas, d'épais et de racistes. »

Évidemment, quand on fait descommentaires sociaux sur le web et qu'on est suivi par plein de monde, il y a TOUJOURS des commantaires épais, peu importe le sujet, est-ce que l'initiateur d'un statut facebook a le devoir de porter sur lui les commentaires déplacés du public? Je ne crois pas, et cela s'applique même quand le sujet en question suscite les passions et que les commentaires sont très nombreux et excessifs. Je crois que chacun est responsable de SES écrits point-barre. Ça, c'est le B.A ba du journalisme Monsieur le rédacteur en chef. Mais si votre avis est contraire au mien Monsieur Jodoin, j'attend toujours de lire votre réponse au sujet des gens qui vous lisent et qui m'écrivent ce matin les messages suivants : « T'es une ostie de marde Nantel! », «T'es mûr pour aller faire de l'humour pour la campagne de Trump. Bra-vo.», « Criss de yeule sale », « Allo Adolf, tu passes une belle journée? », « Raciste, CONservateur... Tu vis dans le passé osti de charogne.», « Ta yeule », « T laitte ac tes dents pis ton humour poche », « T'es une tabarnac de charogne.»

Alors à mon tour de vous poser la question : Et vous, qui sont vos lecteurs Monsieur Jodoin? Mais je ne suis pas stupide au point de faire ce genre d'amalgame, je comprends qu'il y a des caves sur toutes les pages publiques circulant sur le web et que vous valez plus que ces quelques minables commentaires. Je vous invite à faire la même démarche si vous avez un once de bonne foi.

Mais puisque vous avez posé la question, je vous répondrai ceci : je rigole avec tous ceux qui ont l'intelligence de comprendre que mon rôle est de mettre le doigt sur ce qui cloche dans la société, et jamais je ne cesserai sous prétexte que quelques tartes prennent tout au premier degré et que cela devient un prétexte pour exprimer leur haine. Cela dit, je n'échangerais pas mon public contre le votre qui semble être bien enclin à évoquer la liberté d'expression quand elle va dans le sens de leur pensée, mais qui ont le doigt sur le bouton de la censure chaque fois que je publie quelque chose qui bouscule leurs croyances - en prenant évidemment bien soin d'omettre toutes les fois où je défend des politiques de gauche dans mes textes. Car oui, Monsieur Jodoin, je plante tout le monde dans mon humour, la gauche comme la droite, les bleus comme les rouges, les « de souche » comme les « immigrants », je ris de moi, je ris des autres, je ris point, c'est ça mon métier. Un rire parfois franc, parfois jaune, parfois noir.
Je rigole avec eux qui ont de l'humour Monsieur Jodoin parce que j'ai depuis longtemps compris qu'une société dans la misère n'arrête jamais de rire, mais une société qui arrête de rire