Publié le 11 novembre 2015 à 11h07 | Mis à jour le 11 novembre 2015 à 22h49 Une banderole à Québec affiche le message «Réfugiés, non merci»

Publié le 11 novembre 2015 à 11h07 | Mis à jour le 11 novembre 2015 à 22h49 Une banderole à Québec affiche le message «Réfugiés, non merci»

 

(Québec) Au moment où s'accélèrent les procédures pour accueillir 25 000 réfugiés syriens au Canada d'ici la fin de l'année, une banderole sur laquelle est inscrit «Réfugiés, non merci» était visible mercredi matin au-dessus de l'autoroute Henri-IV. Même si plusieurs ont dénoncé le geste, ce dernier a tout de même trouvé quelques échos favorables sur les réseaux sociaux.

 

La banderole, qui battait au vent, était difficilement lisible lorsque Le Soleil s'est rendu sur place. Mais en prêtant attention, le message ne peut être plus clair. Accrochée à une passerelle pour piétons tout juste avant la sortie pour le chemin des Quatre-Bourgeois, en direction nord, elle a été vue par des milliers d'automobilistes avant qu'elle ne soit retirée après quelques heures

Depuis l'annonce d'Ottawa de vouloir accueillir 25 000 réfugiés syriens, des voix s'élèvent dans la population contre leur venue. En septembre, le maire de Québec, Régis Labeaume, et divers organismes, dont le Centre multiethnique, disaient vouloir accueillir dans la capitale de 125 à 200 familles, soit de 500 à 800 réfugiés. Mercredi, M. Labeaume est resté avare de commentaires relativement au geste et à ses propos.

Sur la page Facebook de Pegida Québec, des internautes se réjouissaient du message véhiculé. Il s'agit d'une mouture québécoise d'un groupe européen qui se définit comme «les Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident». Ils ont organisé plusieurs manifestations en Europe depuis le début de l'année. Le groupe a été qualifié d'islamophobe et d'extrémiste par plusieurs dirigeants européens.

Au printemps, la branche québécoise avait voulu tenir une manifestation à Montréal. Une initiative qui avait été critiquée par les élus municipaux. À l'époque, le porte-parole de Pegida Québec, Jean-François Asgard, avait expliqué à Radio-Canada qu'il estimait important de dénoncer «l'islamisation» de l'Occident en général et du Québec en particulier. «L'islam doit se réformer ou quitter l'Occident», avait commenté celui qui se décrit comme un «patriote»

Mercredi, on pouvait lire sur leur page Facebook en réaction à la banderole plusieurs propos racistes à l'endroit des réfugiés syriens.

«Bon travail!»

Par ailleurs, un autre groupe, la Fédération des Québécois de souche, a applaudi l'initiative, la qualifiant de «bon travail!»

Joint par Le Soleil, le porte-parole de la Fédération, Rémi Tremblay, stipule que son organisation n'est pas à l'origine de cette action, mais qu'elle soutient le message et la bannière. «À notre connaissance, ce n'est pas un de nos membres; nos actions étant habituellement revendiquées», indique-t-il dans un échange de courriels.

Pour expliquer sa position, M. Tremblay soutient notamment que l'arrivée de centaines de réfugiés au Québec va entraîner «des risques réels pour la sécurité». «De nombreux combattants liés à des groupes terroristes se joignent aux flots de migrants déferlant actuellement sur l'Europe, et le Canada n'est en aucun cas capable d'assurer la protection du public canadien. La question des coûts et de la responsabilité mérite également d'être posée. Et aussi, comment se fait-il que les pays géographiquement plus proches comme l'Arabie Saoudite, qui sont des pays considérés comme riches, refusent-ils d'accueillir les migrants?» demande-t-il.

La Fédération des Québécois de souche compte plusieurs unités militantes à travers la province. Sa page Facebook compte plus de 3800 abonnés. «Nous sommes un réseau d'hommes et de femmes, Québécois de souche, partisans du principe de l'union sacrée entre une terre et son peuple. Nous sommes nationalistes», peut-on lire sur son site Webwww.quebecoisdesouche.com.

Bienvenue aux réfugiés

Afin de dénoncer le geste et de soutenir l'arrivée des réfugiés, une page Facebook Bienvenue aux réfugiés - Ville de Québec a été créée mercredi. Les responsables soulignent notamment que, d'ici quelques jours, «des t-shirts homme-femme seront disponibles. Les profits seront versés à Jeunes Musiciens du monde, qui offre un enseignement musical gratuit dans la basse ville de Québec à une clientèle fortement issue de l'immigration».

Pas d'enquête

Pour l'heure, l'initiative, qui n'a toujours pas été revendiquée, ne fait pas l'objet d'une enquête par le Service de police de la Ville de Québec. 

«Nous avons été avisés du fait qu'une banderole était sur place», indique la porte-parole, Nancy Roussel. Toutefois, «lorsque nous sommes arrivés sur les lieux, elle était déjà partie. Maintenant, il va y avoir une vérification auprès du Bureau des enquêtes afin de savoir s'il y a suffisamment d'éléments pour procéder à une enquête»

Avec  Jean-François Néron